La décision vient de tomber et c'est officiel, il ne sera plus possible de pêcher au Mur de la Honte entre 20h00 le soir et 6h00 du matin
Douarnenez : Pêche de loisir de nuit interdite au Mur de la Honte, retour sur la réunion du 26 novembre 2024
L’actualité récente à Douarnenez a de quoi faire grincer des dents les amateurs de pêche de loisir. Depuis quelques semaines, une interdiction fait débat : celle de pêcher de nuit au célèbre "Mur de la Honte", un lieu prisé par les pêcheurs locaux et de passage. Mardi 26 novembre 2024, une réunion publique organisée par la municipalité a permis de clarifier les raisons de cette mesure et d’ouvrir le dialogue avec les usagers. Retour sur une soirée animée, entre échanges vifs et tentatives d’apaisement.
Un lieu emblématique désormais sous contrainte
Le "Mur de la Honte" – un nom qui, malgré sa connotation, évoque bien plus qu’une simple digue – est une véritable institution à Douarnenez. Situé à proximité du port, il attire depuis des décennies les pêcheurs de tout horizon, amateurs comme confirmés. On y vient pour pêcher bars, lieus, et autres poissons de roche, souvent au coucher du soleil, lorsque les eaux deviennent plus propices.
Mais voilà, le 1er novembre 2024, un arrêté municipal est tombé comme un couperet : la pêche de loisir de nuit y est désormais interdite. Une décision qui n’a pas manqué de susciter l’incompréhension, voire la colère, chez les habitués.
Les raisons avancées par la mairie
Lors de la réunion du 26 novembre, le maire, accompagné de représentants de la préfecture et des services maritimes, a pris le temps d’expliquer cette décision. Selon eux, cette interdiction répond à plusieurs problématiques :
- Problèmes de sécurité : La digue, non éclairée, représente un danger potentiel, surtout lors des marées hautes ou par mauvais temps. Plusieurs incidents auraient été recensés ces dernières années, sans pour autant faire la une des journaux.
- Dégradation du site : Avec l’afflux de pêcheurs, notamment en été, le site aurait subi une nette dégradation. Des déchets – hameçons, lignes abandonnées, emballages plastiques – jonchent régulièrement les abords. Un problème qui, selon les autorités, nuit à l’image de Douarnenez.
- Conflits d’usages : La cohabitation entre pêcheurs, promeneurs et riverains devient de plus en plus difficile. Bruits, lumières frontales éblouissantes et stationnements gênants ont été pointés du doigt par les habitants voisins.
Un public divisé et des échanges parfois tendus
La réunion a rassemblé une soixantaine de personnes, principalement des pêcheurs, mais aussi des riverains et des curieux. Si certains étaient venus pour écouter, d’autres n’ont pas caché leur mécontentement.
Un pêcheur présent depuis 20 ans au Mur a pris la parole :
« Ça fait des décennies qu’on pêche ici, de jour comme de nuit, sans souci. Maintenant, on nous interdit tout sous prétexte de sécurité. Mais où sont les vraies statistiques d’accidents ? C’est juste une excuse pour nous faire partir ! »
D’autres ont exprimé leur sentiment d’injustice, soulignant que cette mesure ne s’appliquait pas aux pêcheurs professionnels, qui continuent à exercer sur le même site, même de nuit.
En face, certains riverains ont tenu à défendre l’arrêté, évoquant notamment les nuisances :
« Il y a des cris, des voitures qui claquent leurs portières à 1h du matin. Les frontales éclairent directement nos fenêtres. On a le droit de dormir, non ? »
Les propositions avancées pour un compromis
Face à l’ampleur des contestations, la mairie a laissé la porte ouverte à des ajustements, à condition que des solutions concrètes soient proposées pour encadrer la pêche nocturne. Voici quelques pistes qui ont émergé lors de la discussion :
- Création d’une zone spécifique : Délimiter une partie de la digue où la pêche de nuit serait autorisée, tout en respectant des règles strictes.
- Mise en place d’un permis spécial : Instaurer une autorisation payante ou gratuite pour réguler le nombre de pêcheurs et responsabiliser les usagers.
- Sensibilisation et nettoyage : Organiser des campagnes de sensibilisation pour limiter les déchets laissés sur place, avec l’aide des associations locales.
Ces propositions, bien qu’intéressantes, nécessitent une étude approfondie avant leur mise en œuvre.
Un enjeu qui dépasse la pêche locale
Au-delà de Douarnenez, cette interdiction reflète une problématique plus large : celle de la cohabitation entre les différentes activités de loisir et le respect des espaces naturels.
De nombreuses villes côtières en France font face aux mêmes défis : gestion des flux touristiques, préservation des sites emblématiques, sécurité publique, et prise en compte des attentes des riverains. La pêche de loisir, bien qu’ancestrale, n’échappe pas à ces considérations.
En parallèle, certains participants à la réunion ont évoqué une crainte grandissante : celle que cette interdiction soit la première d’une longue série.
« On commence par interdire la nuit, et après ? Ce sera quoi ? La journée ? Les kayaks ? Les barques motorisées ? C’est un engrenage qu’on refuse d’accepter », a déclaré un jeune pêcheur.
Pour finir : un débat loin d’être clos
La réunion du 26 novembre 2024 n’aura pas suffi à apaiser toutes les tensions. Si la mairie a affirmé qu’elle resterait à l’écoute des propositions, les pêcheurs, eux, restent vigilants face à l’avenir de leur pratique sur ce lieu mythique.
Pour beaucoup, le Mur de la Honte est bien plus qu’une simple digue : c’est un espace de convivialité, de transmission de savoirs, et de communion avec la mer. Le débat autour de cette interdiction reflète des préoccupations légitimes de part et d’autre, mais trouver un équilibre s’annonce complexe.
Affaire à suivre… et peut-être un retour de la pêche de nuit, à condition de parvenir à un compromis qui satisfasse à la fois les usagers, les riverains et la municipalité.
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